Après la l'Université de Californie**, le 28 février dernier, c'est au tour de la Norvège, le mardi 13 mars 2019 de dénoncer les accords avec Elsevier, pour des raisons très semblables.
Les institutions norvégiennes de recherche ont décidé de ne pas renouveler le contrat avec Elsevier en 2019 : tel est l’intitulé d’une déclaration mise en ligne par Unit* - La Direction des TIC et des services mutualisés dans l'enseignement supérieur et la recherche.
Vous trouverez ci-dessous, traduites en français, les grandes lignes de cette déclaration.
Unit était en discussion avec Elsevier depuis l'introduction, en 2017, des lignes directrices nationales du gouvernement pour le libre accès.
Le gouvernement norvégien vise à rendre tous les articles de recherche financés par des fonds publics accessibles au public d'ici 2024 et à passer du paiement de la lecture d'articles par le biais de contrats d'abonnement au financement de publications d'articles librement accessibles.
Constatant que l'offre d'Elsevier est loin de répondre aux exigences norvégiennes en matière de libre accès aux articles de recherche - et qu’il n'y a pas non plus d'évolution vers un accord transformant, permettant de passer du paiement pour lire vers le financement de l'édition ouverte- Unit, soutenu également par les rectorats des universités de Bergen, Oslo, Tromsø et Trondheim ont pris la décision de ne pas renouveler l’accord.
Les principes directeurs suivants, visant à assurer une transition réussie vers le libre accès, s'appliquent à toutes les négociations :
* Les articles des auteurs correspondants norvégiens sont librement accessibles au moment de la publication.
* La publication en libre accès n'augmente pas les coûts totaux.
* Les contrats de licence, les coûts et les modèles économiques doivent être totalement transparents.
* Les abonnements aux revues doivent intégrer un accès perpétuel aux contenus souscrits.
* Les accords doivent prévoir une évolution vers des modèles où les coûts sont liés au volume de la production d'articles norvégiens.
En juillet 2018, Universités de Norvège (UHR) a apporté son soutien total aux principes de négociation d'Unit et a nommé des représentants des rectorats des universités d'Oslo et de Bergen pour participer aux négociations avec Elsevier.
"Depuis de nombreuses années, nous collaborons étroitement avec les directeurs de bibliothèques lors des négociations. Le type d'accords que nous sommes en train de négocier aura un impact direct sur la publication de la recherche, et l’implication des institutions à leur plus haut niveau est significative. La participation active des recteurs a envoyé un signal fort aux éditeurs, à savoir que les principes de négociation bénéficient d'un soutien total au plus haut niveau", déclare Katrine Weisteen Bjerde, directrice de la stratégie des services de recherche de Unit.
Malgré des discussions de qualité, l'offre d'Elsevier est encore loin de respecter ces principes et a donc été rejetée. Il n'y aura donc pas d'accord en 2019, mais les discussions se poursuivent.
"Il est très décevant de n’être pas parvenus à un accord acceptable avec Elsevier, un éditeur qui représente une part substantielle de la production éditoriale norvégienne et qui est pour nous un acteur important sur la voie de la recherche ouverte. Nous souhaitons coopérer avec tous les éditeurs afin de créer un bon cadre pour l'édition ouverte, mais parfois nous sommes tout simplement trop éloignés les uns des autres", déclare Margareth Hagen, vice-rectrice à la recherche de l'Université de Bergen.
Les chercheurs norvégiens publient environ 2000 articles par an dans les revues Elsevier. En 2018, les établissements participants ont payé environ 9 millions d'euros de frais de souscription. En outre, on estime qu'un million d'euros a été dépensé pour rendre accessibles au public des articles parus dans des revues par abonnement.
Bien qu'aucun accord n'ait été conclu cette année, les chercheurs norvégiens pourront continuer de publier dans les revues Elsevier comme jusqu’à présent. Les chercheurs auront toujours accès à des articles publiés dans de nombreuses revues jusqu'en 2018, en conformité avec les droits d'archivage propres à chaque institution, .
Les chercheurs et les autres personnes qui ont besoin d'avoir accès à des articles qui ne sont pas accessibles par l'entremise de ces archives sont invités à s’adresser à la bibliothèque de leur établissement, qui pourra les aider.
*Unit négocie et gère les accords au nom des institutions de recherche norvégiennes. Sa négociation la plus importante est celle avec Elsevier, qui couvre 44 universités, collèges universitaires, instituts de recherche et hôpitaux, et constitue la plus importante des ententes.
**UC terminates subscriptions with world’s largest scientific publisher in push for open access to publicly funded research : https://www.universityofcalifornia.edu/press-room/uc-terminates-subscriptions-worlds-largest-scientific-publisher-push-open-access-publicly