BMJ, un éditeur au chevet du patient ?
La pandémie mondiale affecte aussi l’édition scientifique. Très nombreuses sont les maisons d’édition qui ont pris le parti de soutenir les efforts de la recherche sur la Covid19 en 2020 et 2021 en ouvrant à tous les articles scientifiques concernés et en abandonnant toute augmentation des abonnements à leurs revues scientifiques. Les sociétés savantes à but non lucratif (ou « non-profit ») comme les éditeurs commerciaux, qui ont pourtant l’habitude de marges à 2 chiffres et de chiffres d’affaires en hausse constante, ont dans leur majorité fait preuve de modération. Le consortium Couperin.org apprécie à leur juste mesure leurs efforts pour accompagner la recherche.
Si la British Medical Association offre bien accès à la recherche sur la Covid19 publiée dans ses contenus, le tarif de ses revues -dont le prestigieux BMJ -qui sont des ressources importantes pour la communauté médicale, continue toutefois à augmenter fortement même en période de pandémie. Cette tendance est générale, BMJ a proposé des augmentations excessives du tarif de ses abonnements partout dans le monde.
Cette politique d’augmentation est particulièrement choquante, car elle affecte la recherche médicale et les hôpitaux, très durement et durablement touchés, y compris sur le plan financier, par la crise actuelle. Ce public captif n’a pas eu d’autre choix que de renouveler ses abonnements à des tarifs abusifs. Loin de soutenir le monde médical, BMJ profite de sa position dominante, même en période de crise.
De fait, après de longues discussions, le consortium Couperin.org n’a pas conclu d’accord avec BMJ pour 2021. Les conditions de la société savante auraient en effet conduit à valider une augmentation de 20% les dépenses d’abonnement sur les 3 années à venir. Soulignons qu’entre 2013 et 2020, la hausse du prix des revues chez ce même éditeur s’est déjà élevée à 18.2% pour l’ensemble des établissements de l’enseignement supérieur et de la recherche en France !
L’accélération de l’ouverture de la science qui est en cours devrait changer les pratiques du monde de la recherche et de l’édition scientifique. Il semble que BMJ ne suive que partiellement ce mouvement mondial. Un éditeur scientifique qui se vante d’être "patient-centered and customer-focused" devrait en cette période difficile, soutenir et approuver la ligne directrice du consortium Couperin.org : pas d’augmentation des tarifs sans apports significatifs additionnels.
Nous appelons BMJ à reprendre dès à présent des négociations avec le consortium Couperin.org pour construire un modèle commercial où les contributions financières des établissements seront en rapport avec les services fournis et soutenables financièrement. La poursuite d’une politique continue d’augmentation importante des tarifs n’aboutira qu’à des désabonnements successifs d’établissements et à une raréfaction de l’accès à la connaissance. Une société savante ne devrait pas faire cela !
De manière générale, le consortium s’interroge sur les prises de position des sociétés savantes, dont les objectifs ne paraissent plus toujours vertueux et quelquefois fort éloignés du « non-profit ». La récente prise de position des sociétés savantes américaines contre la Rights Retention Strategy du Plan S est également inquiétante.Tout en comprenant que la viabilité financière de ces sociétés est un véritable enjeu, le consortium se doit de rester attentif à toute velléité de dérive tarifaire.
Paris,
le 31 mars 2021
|
Contacts |
Christine Weil-Miko, Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Responsable du département des négociations documentaires
Emeline Dalsorg, Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Responsable du pôle Sciences de la vie et de la santé
|
Le texte complet du communiqué de presse se trouve ici.