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Typologie des offres e-books 2014

  • Dernière Modification
    jeudi 9 octobre 2014

Caractéristiques des offres d'e-books négociées pour 2014 au sein du consortium Couperin

Données validées à la date du 30 juin 2014

Introduction

Les offres d’e-books, stricto sensu, se répartissent toujours entre trois grandes catégories de fournisseurs comme c’est le cas depuis plusieurs années :

-les offres proposées via des plateformes d'agrégateurs pluridisciplinaires,

-les offres proposées via des plateformes d'agrégateurs spécialisés,

-les offres proposées via des plateformes d'éditeurs.

Deux autres familles d’offres seront présentées à part du fait de leur contenus particulier : les offres concernant des dictionnaires ou des encyclopédies à mise à jour en continu et les offres Couperin qui ne sont pas classées en catégorie Livres numériques mais qui intègrent une part non-négligeable d’e-books.

Comme en 2012, des offres ont été soumises au réseau Couperin via ses négociateurs mais n’ont pas pu obtenir une validation, pour diverses raisons que nous présenterons. A l’opposé, 2014 voit le retour de certaines offres qui n’avaient pas pu être validées en 2013.

1. Panorama des offres de livres numériques

1.1. Les plateformes d'agrégateurs pluridisciplinaires

Le prestataire de la plateforme regroupe des titres d’éditeurs différents, dans divers domaines. La couverture disciplinaire est large et le nombre de titres disponibles est grand : 60 000 à près de 700 000.

Cette catégorie de fournisseurs a été très déficitaire en 2014 avec la disparition ou l’ajournement de plusieurs négociations. Cette tendance était déjà perceptible en 2013 où plusieurs offres avaient été reconduites à l'identique sans réelle négociation. La difficulté rencontrée par ces fournisseurs peut être leur moins grande liberté d’action pour proposer des conditions particulières au consortium, du fait de leur forte dépendance aux conditions tarifaires et techniques imposés par les éditeurs qui leur délèguent la diffusion. D’autres facteurs sont également intervenus, notamment des fusions ou rachats. Un fournisseur, considéré comme agrégateur spécialisé les années précédentes, intègre cette année la famille des agrégateurs multidisciplinaires puisque, à travers ses 3 grands bouquets, il couvre l’ensemble des disciplines universitaires.

Mise à part la seule plateforme française encore présente, l’offre éditoriale de ces plateformes reste très majoritairement de langue anglaise. Cependant, on constate une tendance nette au développement de collections dans d’autres langues, y compris en français, et plus particulièrement chez l’un des fournisseurs. Il est regrettable qu’une majorité d’éditeurs francophones ne diffusent pas leurs fonds chez tous les agrégateurs potentiels. En effet, cela contraint les bibliothèques à multiplier les fournisseurs, au risque d’un éparpillement des collections. Les types de documents sont très variés : monographies, manuels, essais, ouvrages de référence, actes de congrès, etc. Les éditions et publications récentes sont désormais proposées sur ces plateformes presqu’en même temps que les sorties au format papier.

Cette famille d’offres ne comportant que trois fournisseurs cette année, chacun avec un modèle économique différent, il n’est pas possible de dégager une tendance ni un modèle dominant. Le modèle du Patron Driven Acquisition qui semblait avoir pris son essor en 2013, n’est généralement plus proposé dans le périmètre de l'offre Couperin et ne semble pas avoir rencontré une demande de la part des établissements français. Par contre la location courte (ou short loan) est parfois proposé en complément de l’achat au titre.

Du côté des modes et contrôles d’accès, tous les fournisseurs proposent les modalités habituelles : déclarations d’IP, reverse proxy et fédération d’identité (sauf pour une plateforme). Comme habituellement, les offres sous abonnement ouvrent droit à des accès simultanés illimités. Quand les livres sont acquis sous forme d’accès pérenne, deux modèles économiques sont observés : de un à plusieurs accès simultanés (selon tarif et éditeur) en contrepartie d’un nombre illimité d’acte de lecture successifs, accès simultanés multiples dans la limite d’un nombre prédéfini d’actes de lecture.

La lecture en streaming est l’accès par défaut sur les trois plateformes. Les plateformes sont compatibles avec les outils nomades : tablettes (3/3) et liseuses (2/3). Cependant, la fluidité d’accès aux livres ainsi que les usages restent contraints et peu ergonomiques sur les plateformes des agrégateurs multidisciplinaires. Sur une plateforme, par exemple, le logiciel Adobe Reader est nécessaire pour la gestion des DRM. Une autre plateforme propose deux types d’affichage en ligne mais seul l’affichage utilisant la technologie Flash va permettre d’utiliser les fonctionnalités d’annotation et de sur-lignage, ce qui va avoir un impact sur le type de tablette utilisable. Sur la troisième, au choix des bibliothèques, le prêt numérique par téléchargement d’un fichier chrono dégradable est possible mais nécessitera cette fois le logiciel Adobe Digital Edition. Dans tous les cas, les impressions et le téléchargement permanent d’une copie privée seront très limités.

Le PEB est admis chez deux des trois prestataires, mais de façon très encadrée et limitée (portion du document, tatouage). Aucune copie de sauvegarde n’est possible.

Par contre, les services associés sont complets. Les notices au format MARC21 ou UNIMARC sont proposées gratuitement et les bouquets du prestataire français sont disponibles dans le Sudoc. Des permaliens existent au niveau des titres et parfois même au niveau des chapitres ; les métadonnées sont présentes dans les outils de découverte. Statistiques COUNTER, formation et assistance technique aux utilisateurs sont systématiques.

1.2. Les plateformes d'agrégateurs spécialisés

Les prestataires de cette famille de plateformes proposent une sélection de titres dans un domaine disciplinaire bien défini en regroupant les collections des principaux éditeurs de ce domaine. La couverture disciplinaire est clairement définie et potentiellement spécialisée.

Les collections se composent de quelques centaines à quelques milliers de titres dans le ou les domaines représentés, avec un fort taux d’accroissement annuel. Cette année, avec la disparition de deux fournisseurs, les offres sont essentiellement françaises (5/6).

L'abonnement annuel à un ou plusieurs bouquets est le modèle principal. Seule deux offres proposent le choix entre l’abonnement ou l’achat titre à titre. Un nouveau fournisseur est arrivé cette année avec un modèle innovant dit « premium » qui introduit l’open access dans les offres de livres numériques. Ce nouveau modèle se décline de la façon suivante. Sur une même plateforme sont proposés à la fois des livres librement accessibles en streaming seul sous un format HTML et des livres dont l’accès est soumis à abonnement ou achat. L’abonnement premium à la plateforme permet alors d’accéder à ces derniers livres mais également d’ajouter des usages supplémentaires pour les premiers : téléchargement aux formats pdf ou epub, impression. L’abonnement permet également aux établissements d’accéder aux services de backoffice (statistiques, notices, etc.)

Pour la gestion des accès, tous les fournisseurs proposent le contrôle d'IP et les reverse proxy ainsi que les accès nomades. Les accès simultanés illimités sont systématique sauf pour une plateforme qui offre le choix entre 1 ou plusieurs accès et module le prix en conséquence.

La lecture en ligne est la norme et ne nécessite pas d'installation de logiciel particulier hormis un lecteur de PDF. La lecture sur tablettes est possible pour toutes les offres mais pour les deux plateformes utilisant la technologie Flash, certaines tablettes ne seront pas compatibles. Par contre l’usage de liseuse n’est possible que chez un prestataire. Les formats des documents sont très variés (Flash, HTML, PDF, ePub…) et les DRM ont disparus.

Le téléchargement est variable selon le fournisseur : complet et libre pour l’un, par chapitre seulement et avec tatouage pour un second, beaucoup plus limité chez les 2 derniers fournisseurs. Par contre les fonctionnalités de marque-page et annotation personnelle sont alors possibles.

Permaliens, notices Marc gratuites et intégration aux outils de découverte permettent valorisation et signalement des fonds acquis. Certains bouquets sont désormais présents dans le Sudoc. Les statistiques mensuelles, selon les recommandations COUNTER, sont fournies, par tous les prestataires. Une formation ou une aide en ligne sont généralement proposées. Seuls deux fournisseurs n’autorisent toujours pas le PEB.

1.3. Les plateformes d'éditeurs

Le prestataire de ces plateformes est l'éditeur des livres qu’il propose sous forme d’une collection de monographies et d'ouvrages de référence dans une discipline spécialisée. Le contenu de l'offre correspond à un domaine spécialisé avec un nombre de titres parfois réduit, moins de 100. Ces ouvrages sont plutôt destinés à un public expert ou très ciblé. Un tiers de ces offres sont en langue française.

Cette catégorie d’offres est la plus nombreuse avec 25 produits, pourtant, ici aussi, plusieurs négociations n’ont pu aboutir et certains produits existant sur le marché ne sont pas négociés.

Les modèles économiques sont très variés et parfois plusieurs modèles sont proposés pour un même produit ce qui explique qu'il y a 30 offres pour 25 produits. Parmi les 15 offres en abonnement, seulement 6 n'imposent pas le modèle du bouquet prédéfini. Parmi les 15 offres en achat d'accès pérenne, 8 seulement proposent le titre à titre mais avec un seuil minimum de titres pour 2 d'entre elles.         La souscription pour les PRES ou UNR avec portail mutualisé est encore refusée par un tiers des fournisseurs.

Il est à noté qu’une offre de cette catégorie a été impactée cette année par le dispositif ISTEX. Les archives du bouquet concerné ayant été acquises en licence nationale, l’abonnement courant concerne uniquement les mises à jour annuelles. Le projet ISTEX passant cette année dans une phase plus active vis-à-vis des livres numériques, d’autres négociations d’e-books pour Couperin pourraient être impactées ou de nouvelles apparaîtrent.

Du côté des modalités d’accès, l’accès sous IP est bien sûr proposé par tous les prestataires. Si l'accès nomade est possible pour toutes les offres, 2 n'acceptent pas le passage par un reverse proxy et c’est l'authentification Shibboleth qui est alors proposée.

L'usage le plus répandu est la lecture en ligne sur la plateforme de l'éditeur avec accès illimités sauf pour 2 offres (le nombre d'accès dépend du tarif d’acquisition choisi). Quelques éditeurs proposent le téléchargement temporaire de fichier chrono dégradable s’appuyant sur le système de DRM ADE. La lecture sur tablette est possible pour les 2/3 des offres mais, pour 4 de ces offres, la technologie Flash rendra certaines tablettes incompatibles. Les formats majoritaires sont encore HTML et PDF ; l’ePub apparaît dans les collections récentes des prestataires proposant le téléchargement. Par contre, les DRM ne sont présentes que chez 4 fournisseurs sur 25.

Le PEB n'est pas encore généralisé : 50% seulement des plateformes l’autorisent, avec parfois des contraintes en terme de taille et de format du document prêté ainsi qu’une restriction au secteur académique. Tous les prestataires fournissent des statistiques d’usage mais pour 1/3 d’entres eux elles ne suivent pas les recommandations COUNTER. Par contre, l’assistance technique et l’aide en ligne sont systématiques. Un seul fournisseur ne propose pas encore de permaliens au titre ni de notice gratuite.

L’impression est autorisée sur toutes les plateformes mais elle est limitée pour 1/3 des offres. Le téléchargement d’une copie privée est autorisé par 75% des fournisseurs. Par contre 4 fournisseurs limitent ce téléchargement à une portion de l’ouvrage seulement tandis que 3 fournisseurs l’empêchent complètement. Pour les offres en acquisition pérenne, les éditeurs s’engagent sur l’accès permanent aux documents achetés mais toujours par le biais de leur plateforme. 7 éditeurs prévoient des frais pour maintenir l'accès aux titres acquis si aucun nouvel achat ou abonnement à un produit du fournisseur n'est réalisé dans l'année. La fourniture à l’établissement d’une copie de sauvegarde sous la forme d’un CD-Rom n’existe que chez un éditeur.

1.4. Les offres de dictionnaires et encyclopédies

Cette année, les offres concernant des dictionnaires ou des encyclopédies à mise à jour en continu, ont été séparées de notre analyse générale. En effet ces produits documentaires ont une forme et un usage plus proche du modèle de la base de données que de la collection de livres numériques. Il n’est donc pas signifiant de comparer directement aux offres des 3 familles de plateforme précédentes. Les données sont cependant présentées dans le tableau Typologie 2014, dans un onglet dédié.

Le modèle économique est toujours celui de l’abonnement au titre à titre. Seule une base encyclopédique impose l’abonnement à l’ensemble du bouquet constituée par cette base. Cas à part, un éditeur propose l’acquisition définitive de ses produits, les années d’abonnement suivantes correspondant alors aux mises à jour.

La lecture se fait en ligne, sur la plateforme de l'éditeur, avec accès simultanés illimités et sans limitation du nombre de consultation ni DRM. L’accès est possible aussi bien sur campus qu’en mode nomade (reverse proxy autorisé). L’accès est souvent possible avec les tablettes numériques tandis les liseuses ne sont des supports de lecture adapté à ces produits.

Impression et téléchargement, par article ou chapitre, sont libres dans la limite d'un usage raisonnable. Un téléchargement en entier du dictionnaire ou de la base encyclopédique n’est bien sûr pas autorisé. Par contre, un fournisseur propose de fournir n fin d'abonnement, la dernière version du contenu souscrit sous forme de CD-Rom.

1.5. Les autres offres Couperin contenant des livres numériques

Certaines négociations Couperin ne sont pas classées dans la catégorie Livres Numériques car leur contenu est hybride ou relève majoritairement d'un autre type de document. Cependant, il est intéressant de signaler que ces offres contiennent également des livres ou des textes apparentés qui ne seront pas proposés sous une autre forme. Il s’agit de collections documentaires au contenu disciplinaire spécialisé : sciences juridiques, sciences médicales, génie civil, etc. Les livres sont alors présents en compléments de revues, de documents techniques ou particuliers (normes, étude de cas, données statistiques, etc.) Il n’est pas possible de séparer les livres numériques de l’ensemble du fonds documentaire proposé.

2. Les évolutions constatées depuis un an

Il a été frappant cette année de voir la diminution des offres issues des plateformes pluridisciplinaires ou spécialisées. La place déjà prépondérante des offres éditeurs s’en trouve encore renforcée. Ainsi, 5 fournisseurs, pour 8 offres, sont manquants entre 2013 et 2014. Pour certains c’est le trop petit nombre de membres Couperin intéressés qui explique cet abandon. Dans d’autre cas il s’agit d’une difficulté à aboutir à une proposition satisfaisant les deux parties. En observant les évolutions sur les différentes plateformes depuis 2011, le bilan est en demi-teinte.

L’offre éditoriale en langue française s’est étoffée, y compris pour les manuels de premier cycle même si le choix des fournisseurs et des modèles économiques reste faible. Afin de couvrir tous leurs publics, les établissements continuent de devoir associer de nombreux fournisseurs et combiner à la fois des abonnements et des acquisitions d’accès pérennes. Par contre, que ce soit pour les livres français ou étrangers, les éditions les plus récentes sont désormais souvent proposées en format numérique en même temps que le format papier. Certains fournisseurs, dont le modèle économique est basé sur l’abonnement de bouquets, ont accepté de proposer une offre plus souple en augmentant le nombre de leurs bouquets, en réduisant leurs tailles ou encore, en proposant des bouquets à la carte.

Pour la plupart des offres restantes en 2014, aucun logiciel particulier n’est nécessaire en dehors du classique couple navigateur-lecteur de PDF. Seules les plateformes proposant le prêt numérique (fichier chrono dégradable) utilisent encore un dispositif de DRM, le seul disponible actuellement étant le DRM ADE.

Par contre certaines plateformes ont fait le choix d’utiliser des technologies Flash, souvent pour offrir une liseuse en ligne permettant les fonctionnalités de sur-lignage et d’annotation. La fluidité et la simplicité de lecture en ligne seraient-elles techniquement incompatibles avec les possibilités de fonctionnalités avancées ?

L’usage sur support de lecture nomade, tablette ou liseuse, a fortement progressé, répondant ainsi au développement de ces appareils dans les publics. Par contre les services de téléchargements et d’impression sont encore très contraints voir impossibles pour certaines ressources ce qui est un vrai frein à l’usage et ne peut être compris ni admis par les usagers dans l’environnement internet actuel.

Concernant les services associés en direction des professionnels, de nombreux fournisseur ont porté leurs efforts ces dernières années sur deux points. Premièrement, la fourniture des statistiques d’usage selon les recommandations COUNTER est devenue une pratique majoritaire. Par ailleurs, 80% des fournisseurs proposent désormais des liens URL permanent au niveau du titre, voir au niveau du chapitre. De même, presque tous les prestataires fournissent les notices (format MARC ou UNIMARC) soit directement soit par le biais de l’Abes avec laquelle la collaboration a bien progressé. Par contre, les autorisations de Prêt entre Bibliothèques ne sont accordées ou indiquées que pour 50% des offres validées.

Pistes d'évolution et conclusion

L’année 2014 semblent être une année de transition et d’attente dans une certaine mesure. Certaines offres, reconduites d’année en année, poursuivent sur leur lancée. On constate une forte diminution des offres des plateformes agrégatrices sans qu’il soit possible de savoir s’il s’agit d’une tendance à moyen terme ou juste de circonstances particulières passagères. Par ailleurs, l’arrivée de nouvelles offres et d’un modèle économique innovant s’appuyant sur l’Open Access pourrait donner un nouveau souffle à ce secteur. D’autres négociations, en blocage depuis quelques temps mais en bonne voie pour 2015, pourraient apporter un nouvel élan.

Les négociations actuellement en cours pour 2015, se déroulent dans un contexte en pleine évolution. Dans le secteur académique, l’impact du dispositif ISTEX dans sa phase « livres numériques » n’est pas encore connu mais il semble inévitable pour certaines offres d’éditeurs. Il est difficile de savoir si cela aura un impact uniquement sur le modèle économique, sur les usages ou sur l’offre éditoriale. Par ailleurs, deux points devraient retenir la vigilance des négociateurs en 2015 : d’une part, l’adaptation des offres aux COMUE alors que plus de la moitié n’étaient déjà pas proposées aux PRES et UNR, d’autre part l’intégration des nouveaux membres Couperin.

L’influence de projets actuellement menés en direction des bibliothèques municipales, sur les discussions actuelles avec les fournisseurs académiques est également une préoccupation de la CeB.

A ces facteurs politico-économiques, s’ajouteront sans doute des évolutions technologiques, notamment avec l’annonce d’un nouveau dispositif de DRM en préparation chez Readium. Sur le plan des usages et des fonctionnalités de lecture, certains progrès sont avérés mais des améliorations significatives sont encore attendues.

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