L’offre de livres électroniques
1 –Introduction
1.1 Tentative de définition
1.2 Quelques repères historiques
1.3 Paysage éditorial
2 – Offre de livres numériques à destination des bibliothèques
2.1 Contexte (ou Environnement)
2.2 L’implication de Couperin
2.3 L’offre commerciale
2.4 Les licences nationales
2.5 L’offre gratuite et les Archives ouvertes
3 – Panorama thématique des offres commerciales
3.1 Pluridisciplinaire
3.2 SHS
3.3 Sciences Eco et juridiques
3.4 S&T
3.5 Sciences médicales
4.1 Perspectives techniques
4.2 Les étudiants
4.3 Le rôle de l’Etat
4.4 Et le rôle des bibliothèques
1 - Introduction
Dans le langage courant, le terme de livre numérique ou e-book renvoie à deux réalités : un contenu (concrètement il s’agit d’un ou plusieurs fichiers) ou un appareil de lecture (autres termes courants : reader, livrel, liseuse, tablette)
Ici nous désignons sous les expressions livre électronique, livre numérique ou e-book, tout livre publié dans un format électronique.
La lecture d’un livre numérique suppose le bon mariage entre 4 éléments : un contenu (texte, image, son …), un format (HTML, pdf, ePub, format propriétaire), un ou des logiciels capable de lire ces formats et un appareil de lecture équipé des logiciels de lecture appropriés.
La frontière entre un livre électronique et d’autres ressources électroniques n’est pas toujours claire :
De plus, la gestion éditoriale des livres numériques contribue à brouiller davantage les catégories classiques dérivées de l’imprimé. Citons par exemple :
Usuellement, on peut admettre deux définitions du livre électronique :
L’identification complexe des caractéristiques et fonctionnalités du livre électronique explique la difficulté à dresser un tableau exhaustif de l’offre de livres électroniques.
Dans ce panorama, la définition d’un livre numérique pourrait être : monographie, lisible en continu, dont le contenu est fixé à une date donnée et qui présente une unité documentaire
En savoir plus : LEBERT, Marie. Une courte histoire de l’ebook. En ligne : https://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/documents/49245-une-courte-histoire-de-l-ebook.pdf
Avec le livre numérique, les fonctions sont souvent moins distinctes qu’avec le livre papier. On retrouve quand même les 3 grands métiers mais certains acteurs cumulent plusieurs fonctions.
Il faut néanmoins souligner que dans la chaîne actuelle, les éditeurs restent maîtres en tout état de cause des modes de commercialisation de leurs ouvrages.
Ainsi, pour l’instant, aucune librairie ni aucun diffuseur ne peuvent proposer tous les titres disponibles.
Il faut aussi noter l’instabilité non négligeable du secteur comme en témoignent la faillite de Swets en 2014 ou celle de Dawson en juin 2020.
2 2 - Offre de livres numériques à destination des bibliothèques
2.1 Contexte (ou Environnement)
Le marché du livre numérique pour les bibliothèques est encore en devenir et en invention.
2.2 L’implication de Couperin
L’intégration des e-books par les établissements et l’implication de Couperin ont été progressives. Voici quelques dates repères :
2.3 L’offre commerciale pour les bibliothèques
Agrégateurs pluridisciplinaires | Agrégateurs spécialisés | Editeurs |
Sont les intermédiaires entre les éditeurs et les bibliothèques au moyen d’une plateforme propre | Sont les intermédiaires entre les éditeurs et les bibliothèques au moyen d’une plateforme propre | Offre directe aux bibliothèques sur la plateforme de l’éditeur |
Large catalogue (+ 100 000 titres) | Catalogue de taille moyenne | L’ensemble du catalogue numérique de l’éditeur est généralement proposé |
Titres de plusieurs éditeurs | Titres de plusieurs éditeurs | Titres de l’éditeur uniquement |
Plusieurs disciplines (SHS, ST, Médical, ScEco, etc.) | Spécialisation sur quelques disciplines | Le degré de spécialisation dépend de la politique éditoriale de l’éditeur |
Le modèle économique dominant est l’achat au titre à titre. | Le modèle économique dominant est l’abonnement à un bouquet. | 2 modèles économiques sont pratiqués : achat ou abonnement |
Le tableau ci-dessous propose une comparaison des 4 modèles économiques actuellement existants. Plus de détails sur ces modes d’acquisition et sur les aspects juridiques sont donnés dans la partie 3 (lien vers la partie 3 de la base documentaire)
Modèles | Avantages | Inconvénients | Variante | Pertinence documentaire |
Achat classique |
-Titre à titre le plus souvent possible - Conservation pérenne de l’exemplaire |
- Solution éventuellement plus chère (frais de plateforme, nécessité d’acheter les nouvelles éditions) - Comment sont réellement garantis la conservation et l’accès pérenne ? |
Achat de crédits de consultations | Collection à usage et rotation lents |
Achat par PDA (patron driven acquisition) |
- Accès des lecteurs à tout le catalogue du diffuseur - Achat au titre selon les besoins réels des usagers - Meilleur usage de la collection |
- Paramétrage : suivi et validation à mettre en place - Perte du rôle de prescripteur du bibliothécaire? |
Collection spécialisée | |
Achat par EBS (evidence based selection) |
- Accès des lecteurs à tout le catalogue ou à toute une collection - Achat au titre basé sur des usages constatés |
- Accompagnement de l’usager lors de l’année test - Investissement financier minimum au départ |
Collection spécialisée | |
Abonnement |
- Rapport prix/titre est plus avantageux dans le cadre des bouquets - Collections actualisées (intégration des nouvelles éditions) - Plus grande souplesse dans la politique documentaire - Usage plus large (consultation illimité) |
- Perte du contenu à l’interruption de l’abonnement - Abonnement souvent obligatoire à de grandes collections avec un tarif en proportion - Ce modèle ne s’applique pas à tous les titres - Perte du choix du contenu quand le bouquet est défini par le fournisseur |
- « Slots » = échanges de titres - bouquet à la carte constitué par la bibliothèque - location courte (1 à 3 semaines) |
- Collection à usage et rotation rapide (ex. informatique) - manuels |
Les modalités d’accès et fonctionnalités de lecture dépendent du type de fournisseur et du type d’acquisition :
Les fonctions plus avancées sont très variablement possibles et permises :
Les services aux bibliothèques :
Chaque année, la Cellule e-book de Couperin établi une typologie des offres négociées qui précisent, pour chaque fournisseur et/ou offre, les modalités d’acquisition et les fonctionnalités d’accès et d’usage. Un comparateur dynamique permet aussi de faire un focus entre plusieurs offres.
2.4 Les Licences Nationales
Les licences nationales constituent un dispositif permettant d'acquérir la documentation électronique au niveau d’un pays pour desservir l'ensemble des bibliothèques de ce pays. En France, dans le cadre de la mise en place de la Bibliothèque Scientifique Numérique (BSN), devenue Ouvrir la Science ), l’ABES est mandatée depuis 2010, par le Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, pour négocier et acquérir des ressources sous forme de licences nationales en s’appuyant sur les expertises du consortium Couperin et de l’INIST-CNRS.
Les ressources ainsi acquises sont accessibles à l’ensemble des communautés d'enseignement et de recherche françaises et décrites en détail sur le site des licences nationales :
En 2020, on compte, pour les ebooks (y compris les encyclopédies), plus de 15 ressources acquises totalisant plus de 40 000 titres.
Ce projet de licences nationales présente des innovations majeures par rapport aux traditionnels groupements de commandes portés par l’ABES :
La sélection des ressources s’effectue dans le cadre du dispositif de coordination des acquisitions numériques qui comprend un comité de pilotage et un comité technique. Les achats portent sur des archives de revues et d’e-books et non sur des abonnements courants. Les prochaines acquisitions sont actuellement à l’étude dans le cadre du projet ISTEX .
2.4 L’offre gratuite et les Archives Ouvertes
Ces ouvrages ne peuvent remplacer les ouvrages de l’offre commerciale mais se développent de plus en plus. On peut distinguer 3 grandes familles.
Ici aussi des sites personnels ou institutionnels tentent de faire un recensement :
Dans la continuité du mouvement bien connu dans le secteur des articles et des revues, des livres numériques récents sont diffusés en Open Access.
Google Livres , ou Google Books en anglais (anciennement Google Print), est un service en ligne fourni par la société Google. Il a été lancé en décembre 2004, et il a vu son champ d'activité s'élargir progressivement. Aujourd'hui, il permet cinq usages principaux :
- interrogation et recherche à l’intérieur d’un ensemble de textes,
- consultation de livres ou de parties de livres en ligne ou sur appareil mobile,
- constitution de collections personnelles en téléchargeant des ouvrages libres de droits,
- librairie en ligne via la boutique Google Play (fiche Wikipédia),
- un outil permettant de trouver où emprunter un exemplaire de livre en bibliothèque,
- fourniture d'informations complémentaires (métadonnées ) sur les œuvres.
Le nom du programme Google Books désigne communément plusieurs éléments distincts : le service de recherche « Google Book Search », le « Google Book Partner Program » qui permet aux éditeurs d'inclure ou non leurs ouvrages dans la base de données de Google, et le « Google Books Library Project » qui regroupe les partenariats avec les bibliothèques, afin de mettre en ligne des ouvrages libres de droits, numérisés ; on peut citer comme bibliothèques partenaires celle de l’Université du Michigan, de Princeton, de l’Université Complutense de Madrid, de Catalogne, et la Bibliothèque Municipale de Lyon.
En 2008, la bibliothèque virtuelle Books comptait plus de 7 millions de livres, et 25 millions en 2019, dont une partie seulement est consultable directement depuis le site (3 millions aux États-Unis).
Il s'agit aujourd'hui du plus grand corpus textuel au monde, et sa mise en place a connu plusieurs importantes batailles juridiques qui ont marqué le monde de l'édition et façonné le paysage du livre numérique, en France et aux États-Unis notamment.
3 – Panorama thématique des offres commerciales
Les grands agrégateurs pluridisciplinaires proposent des titres de très nombreux éditeurs universitaires ou professionnels, depuis les petits éditeurs jusqu’aux grands éditeurs internationaux incontournables en passant par les presses universitaires. La majorité des fonds sont en langue anglaise, mais d’autres langues (français, espagnol, chinois, etc.) se développent. Ces fournisseurs sont donc incontournables pour constituer un fonds multidisciplinaires à la carte.
Quelques remarques cependant.
3.1 SHS – Voir le Comparateur de livres électroniques ainsi que la Typologie conçus par la Cellule Ebooks de COUPERIN.
3.2 Sciences Eco et juridiques - Voir le Comparateur de livres électroniques ainsi que la Typologie conçus par la Cellule Ebooks de COUPERIN.
3.3 Sciences et Techniques – Voir le Comparateur de livres électroniques ainsi que la Typologie conçus par la Cellule Ebooks de COUPERIN.
3.4 Sciences médicales - Voir le Comparateur de livres électroniques ainsi que la Typologie conçus par la Cellule Ebooks de COUPERIN.
4.1 Perspectives techniques
Le livres numérique introduit de nouvelles fonctionnalités par rapport au livre papier en terme de manipulation des contenus : rechercher dans le texte intégral, surligner, annoter, se créer une étagère d’ouvrages ou de chapitres favoris.
Le prêt d’ouvrages numériques est à développer pour consulter sans se déplacer ou télécharger et lire plus tard. Un dispositif est en cours de mise en place avec le hub Dilicom. Le Hub Dilicom est un portail interprofessionnel qui permettra de faire le lien entre éditeurs, libraires et bibliothèques. Les fichiers des éditeurs seront déposés sur une plateforme ; les bibliothèques pourront acheter les livres auprès des librairies. Dilicom établira un lien qui permettra le prêt numérique depuis le portail de la bibliothèque. Ce dispositif redonnerait une place au libraire dans cette nouvelle chaîne du livre numérique, mais le modèle économique actuellement développé par Dilicom n’est pas favorable aux bibliothèques.
Les livres numériques peuvent accompagner la prise en charge du handicap. Des fournisseurs ont une offre de livres audio à destination des bibliothèques (Numilog, Ebsco…).
De nouvelles pratiques de lectures, de médiation et de partager des contenus sont à venir : écriture partagée des commentaires, communauté de lecteurs, intégration de chapitres dans des cours en ligne, etc.
4.2 Les étudiants
Le public évolue : digital natives, des utilisateurs de plus en plus habiles, un marché potentiel émerge
4.3 Le rôle de l’Etat
La demande s’organise avec le projet de licences nationales
4.4 Et le rôle des bibliothèques…
Les bibliothèques s’unissent pour étudier et accompagner ce nouveau support.
Pour les bibliothèques académiques :
(1999 - ).
Pour les bibliothèques publiques :
Pour permettre aux usagers d’accéder aux ebooks, le prêt de tablette numérique et/ou de liseuses, avec ou sans contenu est proposé dans de nombreuses bibliothèques (académiques et publiques).
Négociation d’e-books : la contribution de la CeB
Le travail de la "Cellule e-book" (CeB) de Couperin se structure autour de deux grands axes : la coordination des négociations e-books au sein du Consortium et la veille sur les thématiques et problématiques liées aux e-books.
1. Faciliter l’accès au contenu
2. Intégrer les usages pédagogiques
3. Assurer l’archivage pérenne et l’accès perpétuel
4. Offrir un contenu accessible au budget des bibliothèques
5. Développer des services centrés sur l’usager
6. Offrir l’accès le plus large aux contenus
7. Publier des éditions récentes
8. Fournir des statistiques d’usage
9. Libérer les usages
10. Innover, expérimenter en partenariat
4-5 – Les enjeux de l’avenir:
Le contexte pour les bibliothèques institutionnelles, est marqué par la diminution des budgets. Les enjeux de l’avenir sont donc marqués par le souhait d’optimiser les sommes dépensées pour acquérir des livres électroniques, et garder un accès définitif à leur contenu. Concrètement, cela se traduit par :
Conclusion
En près de de deux décennies d’existence, le paysage éditorial du livre numérique s’est progressivement organisé.
La mise à disposition des documents numériques pour les publics, (numérisation de productions universitaires, mise en place des archives ouvertes et des licences nationales, etc.) s’est accrue et donne un plus large accès aux savoirs.
Les éditeurs, producteurs et/ou diffuseurs de livres numériques et les bibliothèques ont établi des espaces de dialogue visant à mieux saisir les besoins des lecteurs et des institutions et à élaborer de nouvelles offres pour y répondre, tant économiquement que techniquement.
Certains points restent cependant perfectibles, que ce soit pour les fonctionnalités des plateformes de lecture, très diverses d’un fournisseur à l’autre, pour les titres proposés, corpus parfois trop larges ou trop incomplets, ou pour la qualité des métadonnées.
En ce milieu d’année 2020, la question du stockage pérenne des titres achetés définitivement est rendue particulièrement sensible par l’actualité touchant un acteur important de la distribution de livres numériques (Dawson). Sans préjuger à ce stade de l’issue réservée aux institutions qui en étaient les clientes, il apparaît que l’enjeu de l’accès pérenne aux titres achetés constituera l’une des questions majeures concernant le livre numérique en bibliothèques.