La version 0.1 d’OpenURL est apparue en 1999; cette version est devenue une norme NISO (ANSI/NISO Z39.88-2004, The OpenURL Framework for Context-Sensitive Services) en 2004. OpenURL a été adopté par tous les acteurs de la chaine d’alimentation d’information scientifique pour améliorer le rebond entre ressources. Un certain nombre de fournisseurs a développé des outils qui fournissent une implantation efficace d’OpenURL, et les résolveurs de liens (soit produits commerciaux sous licence, soit produits maison) sont devenus un élément essentiel de la boîte à outils d’une bibliothèque de recherche.
Créer un lien vers une référence impliquait traditionnellement de coder “en dur” les liens entre un fournisseur de contenus et un autre. Les utilisateurs se trouvaient alors fréquemment renvoyés vers la "mauvaise" version d'un article, c’est à dire une version à laquelle ils n’étaient pas autorisés à accéder selon les termes de la licence. Dans le pire des cas, l’utilisateur commandait ou payait pour le consulter un article auquel sa bibliothèque avait droit. C'est ce qu'on appelle le problème de la "copie appropriée".
OpenURL a été développé pour permettre la création de liens qui tiennent compte du contexte, c’est-à-dire des liens flexibles et capables de prendre en compte les affiliations institutionnelles de l'utilisateur et les licences de cette institution. Suite à la normalisation ANSI / NISO, les liens OpenURL ont été largement adoptés. Le parcours simple d’un d'utilisateur qui utilise OpenURL est illustré par la figure 1.
Figure 1 : Le parcours d’un utilisateur via un lien OpenURL
OpenURL utilise un résolveur de liens (L) pour mener l’utilisateur de A (une référence bibliographique) à Z (une version du document cité, à laquelle l'utilisateur courant est autorisé à accéder), par le biais d'une requête OpenURL (Q), ce qui concatène une chaine (S) de métadonnées relatives à l'article référencé à l’URL de base (B) de l'institution (I) à laquelle l'utilisateur courant est rattaché.
C'est une solution plus efficace que celle des liens codés en dur vers d'autres ressources, telles que les portails d’agences d'abonnements (G), le fonds papier de la bibliothèque (P), les bases de données agrégées (D), les sites Web d’éditeurs (W), ou les dépôts (R).
Les bases de connaissances sont essentielles dans le processus de construction des liens OpenURL, car non seulement elles savent où les contenus se trouvent, mais elles savent aussi pour quelles versions d'objets spécifiques les utilisateurs d’une institution ont un droit d'accès. Les bases de connaissances sont le seul moyen grâce auquel les utilisateurs peuvent être sûrs de parvenir à une "copie appropriée".
Si les données fournies aux bases de connaissances sont incomplètes, inexactes, périmées ou incorrectes pour tout autre raison, l'efficacité de la norme OpenURL est compromise à tel point qu’elle devient souvent inutile. En conséquence, le groupe de travail NISO / UKSG KBART a été créé pour analyser les problèmes au sein de la chaine d'approvisionnement et de créer des lignes directrices pour résoudre les problèmes les plus fréquents ou dont les conséquences sont les plus dommageables.
Tandis que le groupe KBART se concentre sur l’échange de données à l’intérieur de et entre les bases de connaissances, il est reconnu que l’insertion et l’encodage correct de données dans les liens OpenURL sont également cruciaux dans leur bon fonctionnement.
La chaine d'approvisionnement OpenURL comprend de nombreuses interconnexions entre les acteurs qui y participent. Chacun a des responsabilités spécifiques en ce qui concerne les données qu'il partage avec les autres. Les responsabilités de transfert de données des acteurs dans la chaine d'approvisionnement OpenURL sont représentées dans la figure 2.
Figure 2 : le parcours des données dans la chaine d’approvisionnement OpenURL
L'auteur fournit des manuscrits à l'éditeur (1). L'éditeur envoie le texte complet de l'article final et des métadonnées associées à un ou plusieurs services de livraison en ligne (les hébergeurs de contenu, les bases de données de texte intégral, les sites d'archives, etc.) (2). L'hébergeur de contenu est souvent responsable de la mise à disposition des métadonnées d’un article auprès d’autres outils de découverte, tels que les bases de données de résumés et d'indexation, les plateformes d’agences d'abonnement, et les moteurs de recherche (3). Les hébergeurs de contenu et les bases de données en texte intégral fournissent également des informations sur les bouquets, et parfois également des notices MARC, aux développeurs de base de connaissances (4) ou directement à l'institution (5) afin d'informer ces systèmes sur l'étendue du contenu disponible. Des services de la base de connaissances enverront alors les données sur l’état des collections aux listes A-to-Z institutionnels et aux résolveurs de liens (6), l'institution utilise ces informations pour paramétrer sa propre collection. Les développeurs de base de connaissances peuvent également envoyer des notices MARC, à l'institution pour qu’elles soient versées dans l'OPAC institutionnel (7). Dans ce scénario, l'établissement doit fournir à son développeur de base de connaissances des détails sur ses collections pour des contenus tels que les revues électroniques, etc. (8).
Nous tentons ici de décrire les responsabilités attendues de chaque acteur de la chaine d’approvisionnement et d’identifier les zones dans lesquelles les confusions ou inexactitudes peuvent surgir. Ce faisant, nous nous efforçons de décrire quelles pourraient être les responsabilités de chacune des parties impliquées ici.
Dans le cas le plus simple, les intervenants dans la chaine d'approvisionnement OpenURL (les fournisseurs de contenus, les fournisseurs de résolveurs de liens, et les bibliothèques) sont tenus d’effectuer les tâches suivantes, et dans une chaine d'approvisionnement efficace, en tireraient les avantages décrits.
Ceux que nous nommons fournisseurs de contenus sont, entre autres, les éditeurs, les fournisseurs d’accès en ligne, les plateformes d’agences de souscription, les agrégateurs de texte intégral. L’essentiel des métadonnées, ainsi que du contenu, provient des éditeurs. Le plus souvent, les métadonnées transmises lors des étapes antérieures proviennent de l’éditeur. Si ces métadonnées sont incorrectes à la source, elles le resteront potentiellement tout au long de la chaine d’approvisionnement.
Leur rôle : Les fournisseurs de contenus peuvent être à la fois une source et une cible pour les liens openURL. L’adhésion à la norme OpenURL implique, pour un fournisseur de contenus d’être en mesure de créer des liens OpenURL conformes à leurs références bibliographiques. Pour que les autres sources OpenURL puissent être en mesure de créer des liens vers lui, un fournisseur doit également mettre à leur disposition des métadonnées précises décrivant ses collections électroniques. Actuellement, il n'existe pas de format standard pour de telles données. Une partie de la mission KBART est de créer des recommandations, des bonnes pratiques, dans ce domaine.
Leurs Fonctions :
Les avantages attendus : La transmission en temps voulu de métadonnées correctes aux fournisseurs de résolveurs de liens est bénéfique aux fournisseurs de contenus sur plusieurs plans. Créer pour l’utilisateur une expérience de navigation fluide réduit le coût de l’assistance technique, améliore la réputation du fournisseur et augmente le trafic vers les contenus. L'augmentation du trafic soutient à la fois l'éditeur, le rédacteur en chef. Elle remplit aussi l'objectif de l'auteur d'assurer à sa production une visibilité, une utilisation et une portée maximale. Cela peut également soutenir les flux de revenus basés sur les usages, ce qui est un facteur clé dans les décisions d'achat lorsque les bibliothèques renouvellent ou annulent leurs contrats d’accès aux contenus sous licence.
Les clés pour le succès d’une base de connaissances :
Les résolveurs de liens sont configurés pour recevoir les liens OpenURL à partir de sources provenant des fournisseurs de contenus. Les résolveurs extraient les métadonnées relatives à l’article cible (ou d’un autre objet) du lien OpenURL puis comparent ces informations à la base de connaissances, qui contient des données sur l’ensemble du contenu sous licence du propriétaire du résolveur de liens. La base de connaissances indique si l'article est disponible pour les individus associés à l'institution détentrice de la licence. Si c’est le cas elle indique où il est hébergé, et le moyen pour l’utilisateur d’y accéder. Le résolveur de liens reconstruit alors un lien vers l'article cible. Ce processus est en grande partie transparent pour l'utilisateur. Le fournisseur d’un résolveur de liens a la charge de la technologie du résolveur, des données de la base de connaissances globale et crée ou contribue à la constitution de la base de connaissances locale.
Leurs fonctions :
Les avantages attendus : La transmission en temps voulu de métadonnées correctes aux résolveurs de liens et la bonne communication entre les acteurs (fournisseur de résolveur, bibliothèque, fournisseur de contenus) doit permettre au fournisseur du résolveur d’offrir un service plus fiable et à jour. Il remplira ainsi sa fonction consistant à donner accès à du contenu sous licence. La transmission en temps voulu de métadonnées correctes réduira aussi les coûts associés à la vérification, au nettoyage et à la maintenance des données contenues dans la base de connaissances.
Les clés pour le succès d’une base de connaissances :
La bibliothèque, qui propose l’information à l’utilisateur final, joue un rôle important en s’assurant que la présentation des métadonnées est correcte et utilisable. Ce sont la bibliothèque et l’utilisateur final qui sont les plus à-même de détecter les erreurs dans les données OpenURL ou dans les données de références bibliographiques, et qui sont donc les mieux placés pour les signaler aux autres acteurs de la chaine d’approvisionnement.
Les bibliothèques développent elles-mêmes ou achètent des résolveurs de liens afin d’optimiser l'accès à l’ensemble des ressources électroniques pour lesquelles elles ont la licence. Une bibliothèque enregistre auprès des fournisseurs de contenus les informations-clé nécessaires à son identification afférentes à son résolveur de liens (tels que l'URL de base). Elle sélectionne les fournisseurs pour constituer une source de liens OpenURL. Chaque bibliothèque devra personnaliser la base de connaissances consultée par son résolveur de liens afin de refléter son propre fonds papier et en ligne.
Les avantages attendus : Le déploiement efficace d’un résolveur de liens présente plusieurs intérêts : il permet d’améliorer l'utilisation (et donc le retour sur investissement) des contenus sous licence, de rendre plus aisées les recherches des utilisateurs et d’augmenter le taux d’accès réussis au contenu. Les utilisateurs solliciteront moins les services d’assistance. La transmission en temps voulu des métadonnées correctes du fonds réduira également les coûts actuels et la charge de travail impliqué dans la vérification, le nettoyage et l'entretien des données de la base de connaissances.
Leurs fonctions :
Les clés pour le succès d’une base de connaissances :